Éditions du Seuil, 2007, 189 pages.
L’histoire se passe dans le Médoc en Gironde (pas très loin de chez moi) à Soulac-sur-mer, où Sandrine, la trentaine, a réalisé son rêve d’estivante ; habiter toute l’année sur cette presqu’île au tempérament îlien et sauvage qu’elle connaît très bien à force d’y être venue chaque été. Pourtant, même si elle est mariée à Julien, l’enfant du pays, aux yeux des habitants, elle reste une touriste venue s’imposer sur leur terre.
Entourée d’un gentil mari, de deux adorables enfants et des copines sympas, Sandrine mène une vie tranquille, jusqu’au jour où débarque Arnaud, photographe parisien, surnommé par les soulacais « L’Étranger », venu faire un repérage pour un film que veut mettre en scène son père. Connaissant le Médoc comme sa poche, Sandrine lui propose son aide et découvre auprès de cet homme une autre façon d’aborder la vie. Elle se sent de plus en plus troublée par ce bellâtre dégingandé, habillé de noir, aux jambes longues et aux hanches étroites.
Dans ce petit coin de province, cette fréquentation quotidienne, fait bouger les rideaux où derrière, on épie, on chuchote, la rumeur se forme, mais Sandrine n’y prend pas gare et elle se laisse entraîner, dériver, comme dans le courant dangereux d’une baïne* qui l’entraîne vers le large jusqu’à y perdre pied.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre ou sous la plume d’Éric Holder, le Médoc devient le personnage intrigant du roman. Je me suis laissée emporter par le flot des mots mélodieux et tragiques formant cette simple et belle histoire d’amour. À lire !
* On nomme " baïne ", dans le Sud-Ouest de la France, une lagune entre le rivage et un banc de sable, formée par la houle de l'Atlantique. Des failles dans le banc génèrent un courant violent, appelé " sortie de baïne ", qui attire au large le nageur imprudent.